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.Je restai à réfléchir silencieusement, quand Tekil souleva ses chaînes comme pour tenter de les briser.— Alors, dis-moi quelle sera ma mort.— J’ai encore une question.— Pose-la.— Thyra Ragnarsdottir.Surpris, il resta coi un moment, puis comprit que j’avais évidemment connu Thyra autrefois.— La charmante Thyra, ironisa-t-il.— Elle est en vie ?— Elle devait être l’épouse de Sven.— Et l’est-elle ?Il éclata de rire.— Elle a été menée de force à sa couche, que crois-tu ? Mais il ne la touche plus.Il la redoute.Elle est enfermée et Kjartan écoute ses rêves.— Ses rêves ?— Les dieux parlent par sa bouche.C’est ce que croit Kjartan.— Et toi ?— Pour moi, c’est une pauvre folle.— Mais elle est en vie ?— Si on peut appeler cela vivre.— Folle ?— Elle s’entaille, dit-il en mimant le geste sur son bras.Gémit, s’entaille les chairs et prononce des malédictions.Kjartan a peur d’elle.— Et Sven ?— Elle le terrifie.Il la préférerait morte.— Et pourquoi ne l’est-elle point, alors ?— Parce que les chiens refusent de la toucher, et parce que Kjartan la croit douée de prophétie.Elle lui a dit que le guerrier mort le tuerait et il la croit à moitié.— Le guerrier mort tuera Kjartan, et demain il te tuera.Il accepta ce destin.— Les branches de noisetiers ?— Oui.— Et une épée à la main ?— Aux deux si tu le souhaites, car le guerrier mort te tuera tout de même.Il hocha la tête, ferma les yeux et s’appuya au mur.— Sihtric, me dit-il, est le fils de Kjartan.Sihtric était le garçon que nous avions capturé avec lui.— C’est le frère de Sven ?— Son demi-frère.Sa mère était une esclave saxonne.Kjartan l’a jetée aux chiens quand il a cru qu’elle avait tenté de l’empoisonner.Peut-être était-ce vrai, ou bien avait-il seulement mal au ventre.Quoi qu’il en soit, elle a fini sous les crocs des chiens.Il a laissé Sihtric en vie parce qu’il est mon serviteur et que j’ai intercédé.C’est un bon garçon.Tu feras bien de le laisser en vie.— Mais il me faut huit têtes, lui rappelai-je.— Oui, dit-il avec lassitude.C’est vrai.Le destin est inexorable.L’abbé Eadred voulait que les quatre hommes soient pendus.Ou noyés.Ou étranglés.— Ils ont attaqué notre roi ! s’emporta-t-il.Et ils doivent souffrir une mort indigne, indigne !Il répétait ce mot avec ravissement.Je me contentai de hausser les épaules en disant que j’avais promis à Tekil une mort honorable qui l’enverrait au Valhalla et non au Niflheim.Eadred fixa mon marteau de Thor et piailla qu’en Haliwerfolkland il ne pouvait y avoir merci pour des hommes qui avaient attaqué l’élu de Cuthbert.Nous nous querellions sur la côte menant à la nouvelle église.Les quatre prisonniers, tous entravés, étaient assis par terre, gardés par les hommes de Guthred en attendant la décision royale.Eadred haranguait le roi, disant que montrer de la faiblesse minerait son autorité.Les clercs étaient d’accord avec l’abbé, ce qui n’avait rien d’étonnant, et les deux plus véhéments étaient deux moines nouvellement arrivés par les collines depuis l’est de la Northumbrie.gés d’une vingtaine d’années, ils se nommaient Jænberht et Ida et devaient obéissance à Eadred.Ils étaient manifestement partis dans les collines en mission pour l’abbé, et maintenant qu’ils étaient revenus à Cair Ligualid ils exigeaient que les prisonniers connaissent une mort indigne et douloureuse.— Qu’on les brûle ! insistait Jænberht, comme les païens brûlèrent tant de nos saints hommes ! Qu’ils rôtissent dans les flammes de l’enfer !— Qu’on les pende ! déclarait l’abbé.Si Eadred ne s’en rendait pas compte, moi je sentais que les Danes du Cumbraland qui avaient rejoint Guthred s’offensaient de la violence des prêtres.Aussi pris-je le roi à part.— Penses-tu pouvoir demeurer roi sans les Danes ? demandai-je.— Certes non.— Mais si tu supplicies des Danes, ils en prendront ombrage.Ils penseront que tu favorises les Saxons.Guthred parut troublé.Il devait son trône à Eadred et ne le conserverait pas si l’abbé l’abandonnait, mais il ne pourrait non plus le garder sans le soutien des Danes du Cumbraland.— Que ferait Alfred ? demanda-t-il.— Il prierait, et ferait prier tous ses moines et prêtres, et à la fin ferait le nécessaire pour conserver intact son royaume.Tout ce qui serait nécessaire, répétai-je posément.Guthred hocha la tête puis, soucieux, se tourna vers Eadred.— Dans un ou deux jours, dit-il assez fort pour que tous l’entendent, nous marcherons vers l’est.Nous traverserons les collines en emportant notre saint vers sa nouvelle demeure en terre sainte.Nous vaincrons nos ennemis, quels qu’ils soient, et nous fonderons un nouveau royaume.(Il parlait en dane, mais quelques-uns traduisirent en angle.) Et il en sera ainsi, reprit-il en haussant encore la voix, parce que mon ami l’abbé Eadred a été visité en songe par Dieu et saint Cuthbert.Et lorsque nous partirons dans les collines, ce sera avec la bénédiction de Dieu et l’aide de saint Cuthbert ; ainsi, nous fonderons un meilleur royaume, un royaume saint et protégé par la magie du christianisme.(Eadred frémit en entendant le mot magie, mais il ne protesta pas, car Guthred n’avait qu’une notion très vague encore de sa nouvelle religion, et il disait de toute façon ce qu’Eadred avait envie d’entendre.) Et nous aurons un royaume de justice ! s’exclama Guthred.Un royaume où tous auront foi en Dieu et en leur roi, mais dans lequel tous les hommes n’adoreront pas le même dieu.(Tous écoutaient à présent, et les deux jeunes moines se récrièrent devant la proposition de Guthred, qui continua derechef.) Et je ne serai point roi d’une terre où je forcerai un homme à adopter la coutume d’un autre.Et c’est la coutume de ceux-là (il désigna Tekil et ses compagnons) de mourir l’épée à la main.Alors il en sera ainsi.Et Dieu aura pitié de leurs âmes.Il y eut un silence.Guthred se tourna vers l’abbé en baissant la voix :— Certains, dit-il en angle, ne pensent pas que nous puissions battre les Danes au combat.Montrons-leur donc maintenant.Eadred se raidit, puis acquiesça à contrecœur.— Qu’il en soit fait selon ta volonté, seigneur roi, dit-il.Et c’est ainsi qu’on alla chercher les branches de noisetier.Les Danes connaissent les règles du combat d’homme à homme au sein d’une aire délimitée par des branches de noisetier.Seul un homme en sort vivant, et si l’un des deux sort de l’aire, il peut être tué par quiconque, car il est devenu un non-être
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