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.Il cria quelque chose qui se perdit dans le vent.Le deuxième canot avait quelques brasses de retard.Il était plus gros avec six hommes à son bord, des caisses toutes neuves et de longs colis.Les rameurs semblaient peiner.— Des gars qui amènent une drille mécanique, dit Taphorin.Ça peut être que ça.Jordan leur fit signe de continuer au large pour passer l’autre cap et aller apponter plus loin, où ils avaient coutume de débarquer.Les arrivants ayant vu leurs canots y furent avant eux.Mersch montait à leur rencontre par le sentier.Il semblait qu’à chaque enjambée sa carcasse bringuebalante allait se démantibuler.Il tenait toujours à la main son large couvre-chef qui avait libéré une tignasse clairsemée où se mêlaient le noir et l’argent.Son visage tout en os et en peau ridée grimaçait.Des yeux minuscules piquaient dans cette face de pain d’épice ratatiné deux grains de café d’un noir très dur.Avant même de les avoir rejoints, il tira des papiers de sa poche et les brandit en criant :— Jusqu’à cent dollars la tonne ! Je t’amène du beau monde et des outils, tonnerre !Il empoigna Jordan par les épaules et commença de le secouer.L’autre l’écarta d’un geste.Lui prenant les bulletins d’analyses, il se mit à les examiner.Germain et Dominique s’approchèrent pour voir.Des chiffres s’alignaient.Des poids et des pourcentages.— Ça irait de cinquante à cent, fit Jordan en se tournant vers Taphorin.On va foncer.L’échalas gigotant les submergeait d’un flot de propos dont ils essayaient de saisir l’essentiel.Il en ressortait que tous les actionnaires s’étaient débrouillés pour tripler leur mise.Le fil de fer parla aussi de drille à manivelle.Il envisageait de faire venir une bouilloire qui actionnerait des machines.À l’entendre, la mine se trouvait à deux doigts de fonctionner et de rapporter des fortunes.Les autres s’étaient avancés et formaient cercle autour d’eux, tendant l’oreille.Édouard Mersch eut un grand geste du bras comme s’il eût voulu les ramasser pour en faire un fagot :— C’est des Polonais, des mineurs, des vrais, fit-il.Y en a que trois qui parlent anglais avec un qui parle un peu français.Il lança :— Déchargez le fourbi, vous autres !L’un des hommes, petit et râblé, demanda avec un fort accent :— Où faut mettre ?Ce fut Jordan qui répondit :— Au campement, on y va.Ils se dirigèrent vers la tente.Le gesticuleux s’accorda quelques minutes puis, avant même d’arriver, il les arrêta de ses bras en croix.— Le comble ! fit-il.Le comble ! Tu devineras jamais, Jordan.— Quoi ? Une compagnie qui veut acheter ?L’autre se redressa de toute sa taille, il dominait Jordan d’au moins deux têtes.Figé.Comme bloqué d’un coup, sa trépidante mécanique grippée.— Toi alors !— C’est classique, fit Taphorin.L’échalas de nouveau en mouvement sembla découvrir la présence des deux compagnons de Jordan.— Qui c’est, ceux-là ?— Lui, c’est Taphorin que j’ai remonté l’autre jour.Le bas-du-cul c’est Landry.— Ah ?— Seigneur ! T’écoutes jamais rien.Je vous en ai parlé à la réunion.Y a leur nom sur le papier.— Possible.Moi, les noms…— Alors, ta compagnie ?— C’est le laboratoire qui les a renseignés.Des Américains pleins aux as.Un délégué vient, t’aurais vu ça.Bagnole et tout.Le cigare.Et un gars avec lui qui écrivait ce qu’on disait.Y propose d’acheter.Devine combien ?— Je m’en fous !— Quinze mille !Jordan eut un haussement d’épaules.Avec un rire qui fracassait du bois sec, Mersch lança :— Tu sais ce que je lui ai répondu ?… Mon cul !Cette fois, Jordan fit comme s’il n’avait rien entendu.L’échalas poursuivit :— Ça l’a même pas étonné.Y bronche pas d’un poil.Y me regarde et y dit : vingt mille ! Je dis : deux fois mon cul ! Ben mon vieux…Agacé, Jordan l’interrompit :— M’en fous, de tes conneries.Amène-toi.Faut qu’on parle de l’augmentation des parts.— T’inquiète pas, c’est réglé.Vous payez en travail.Vos parts ont déjà doublé.Ils reprirent le sentier conduisant au campement.Mersch marcha un moment en maugréant sans qu’on pût saisir ce qu’il disait, puis, élevant le ton, il lança :— Tout de même, on t’amènerait la lune à poil dans une boîte de conserve, ça t’étonnerait pas plus que ça !Jordan qui allait en tête ne se retourna pas.Rien ne paraissait l’atteindre vraiment.Il n’était pas plus sensible aux propos de l’épouvantail qu’aux nuées d’insectes bourdonnants et piquants qui les assaillaient sans relâche.Il ne s’arrêta qu’une fois, pour rallumer sa pipe.Il souffla une ample bouffée de fumée grise et repartit.Avant de parvenir à la tente devant laquelle le sol sans cesse battu par les bottes était dur comme pierre et sans un poil d’herbe, il attendit Mersch pour lui dire :— Tes Polonais, ils arrivent bien.On en a plus que marre de loger sous cette putain de toile.La première chose qu’ils vont faire, c’est de la charpente.— Y feront ce que tu leur demanderas.Ces gars-là renâclent pas à la besogne.Sans lui laisser loisir de s’embarquer dans le discours sur le travail et la Pologne qui devait déjà lui monter à la glotte, Jordan l’interrompit.L’œil sombre, d’une voix où il ne pouvait empêcher que perce une certaine angoisse, il demanda :— Les autres sont au courant, pour l’Américain ?— Tu rigoles.J’allais pas leur parler de ça.Y a que le père Hueneau qui sait.Forcément, c’est à sa taverne que le type m’a retracé.Jordan parut soulagé.Il réfléchit un instant, puis, prenant par le revers le grand échalas qu’il secouait en l’obligeant à s’incliner en avant, il gronda :— Écoute-moi bien, Édouard.Des compagnies, y en a des tas qui ont des agents partout.Y vont courir aux trousses de tous les actionnaires.Je veux pas qu’une seule part soit revendue à ces gars-là ! T’as compris ?— Compte sur moi.Jordan qui le tenait toujours poursuivit :— Je veux pas qu’on cède une part sans m’en parler [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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