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.Après un bref coup d’œil, elle revient au divan.– Elle n’y est plus, annonce-t-elle d’une voix morne.– Maintenant dites-m’en un peu plus long, voulez-vous.Parlez-moi de Julia et d’Harry Weissman.Et ne me servez pas de bobards.– Candy Logan vous a dit la vérité.J’avais appris que Julia avait un nouveau gigolo et ça m’avait intriguée.(Un petit rictus lui abaisse le coin des lèvres.) Je suis toujours intriguée par les inconnus.Particulièrement s’ils viennent d’apparaître dans la vie de Julia.Il existait entre nous une sorte de rivalité… disons… hostile.Quand j’ai appris l’existence d’Harry, je me suis donc arrangée pour faire sa connaissance.Le reste a été facile ; il n’a pas essayé de résister.Je ne l’ai jamais entendu protester.– Harry devait être beaucoup plus coriace qu’il n’en avait l’air, dis-je non sans étonnement, pour fricoter en même temps avec vous et Julia.Elle acquiesce d’un signe de tête machinal, comme si elle ne m’avait pas vraiment entendu.– Il a fallu naturellement que je le dise à Julia, reprend-elle.C’est le bon côté de ma nature qui voulait ça.Elle a piqué une telle rage qu’elle a prévenu Cornélius.– Je n’aurais pas cru que ça pouvait vous gêner.Cornélius, c’est M.Stella Gibb, non ?– J’ai commis une erreur à propos de Cornélius, répond-elle à voix basse.Il était jeune, quinze ans de moins que moi, et superbement musclé.Il était maître nageur quand je l’ai harponné et que je l’ai épousé.Je pensais que ça me distrairait de l’avoir sous la main et qu’en lui donnant tout l’argent de poche qu’il voulait, il se montrerait docile.Elle secoue doucement la tête :– C’est affreux de se tromper à ce point ! A peine mariés, voilà qu’il s’est mis à être jaloux ! Il pique des colères terrifiantes.Il me terrorise.Julia lui a raconté mon aventure avec Harry Weissman.– Et alors ?– Il a complètement perdu la tête ! Je vous jure que j’ai eu peur ! Je n’avais encore jamais vu pareil fou furieux ! Il m’a frappée à coups de poing, il m’a arraché mes vêtements et battue comme plâtre ! J’étais couverte de bleus.J’ai cru qu’il allait me tuer.Mais il a fini par se calmer et ensuite, il s’est passé une drôle de chose…– Racontez-moi ça, qu’on rigole un peu.Ça me ferait le plus grand bien, par parenthèse.– Apparemment, il ne m’en voulait plus, à moi personnellement, enchaîne-t-elle, mais il avait reporté sa haine et sa fureur sur Julia.Ça avait dû le soulager de me flanquer une volée et il s’est mis à détester Julia pour lui avoir tout raconté.J’ai rompu toutes relations avec Harry après cette séance – j’avais trop peur de lui.Mais Julia n’a jamais voulu croire que c’était terminé entre nous.– Et c’est la raison de votre dispute avec elle hier soir ?Stella acquiesce :– Elle affirmait que je continuais à rencontrer Harry et moi je le niais avec énergie.Elle m’a dit que je mentais et que je le regretterais.Elle savait que Cornélius m’avait battue la première fois.Elle m’a annoncé qu’elle allait lui dire que je voyais toujours Harry.– Si elle l’a fait, je suggère, Cornélius a peut-être décroché cette première dague du mur pour la tuer.Peut-être même a-t-il emmené son cadavre au mont Chauve pour l’abandonner sur l’autel.Et s’il était assez en rogne pour la tuer, peut-être l’était-il également assez pour supprimer l’homme qu’il croyait être encore votre amant, Harry Weissman ?Stella enfouit son visage entre ses mains et se met à sangloter.– Oh ! mon Dieu ! fait-elle d’une voix étouffée.Je ne voulais absolument pas le croire ! Ces dernières vingt-quatre heures, j’ai cru que j’allais devenir folle, moi aussi.Mais ça ne peut être personne d’autre… C’est sûrement Cornélius !J’entends un raclement de pas sur le seuil.Je lève les yeux et vois Cornélius Gibb, immobile, en pyjama.Une haine démente luit dans le regard qu’il fixe sur Stella.– Tu mens, salope ! lance-t-il d’une voix pâteuse.Puis il avance sur elle, les mains tendues, les doigts crispés.– Je t’arracherai la vérité, vocifère-t-il, quand je devrais te tordre le cou !Les lieutenants de police ont décidément du pain sur la planche, ce soir.Je tends la jambe au moment où il passe devant moi et il s’étale à plat ventre.Il se remet sur pieds, le visage convulsé de fureur, et continue à avancer sur Stella.Mais cette fois, j’ai le P.38 à la main pour le calmer.Il s’arrête à contrecœur à un mètre d’elle.– Ne faites pas ça, Cornélius, lui dis-je.Vous seriez pas joli à voir avec un trou au milieu de la figure.– Sale garce ! fait-il d’une voix étranglée.Elle ment, je vous dis, elle ment comme elle respire !J’étais derrière la porte, j’ai écouté, j’ai entendu tout ce qu’elle a débité.Uniquement des mensonges !– Possible, dis-je.Mais vous, Cornélius, dites-moi la vérité ! J’ai tout mon temps ; je vous écouterai.– Vous croyez que ça me gêne, son histoire avec Weissman ?Il me crache presque le mot à la figure.– Te vous écoute, dis-je d’un ton conciliant.Allez-y.– Weissman ! répète-t-il.Il n’était que le dernier en date d’une cohorte de types racolés par Stella bien des années avant que j’aie même fait sa connaissance.Ça embêtait peut-être Julia que Stella lui ait piqué son nouvel amant, mais moi, je m’en foutais ! Si j’avais dû me tracasser à cause des gars avec qui elle couchait, je serais devenu cinglé le premier mois de notre mariage !Il la regarda de nouveau, la bouche agitée d’un tic nerveux.– Toi, pauvre c… ! crache-t-il d’une voix curieusement assourdie.Tu es mon bifteck, ni plus ni moins.J’ai compris ça dès que j’ai senti tes petits yeux brûlants fixés sur mes biceps ce jour-là sur la plage.J’ai marché dans la combine parce que tu puais le fric ! Tu n’avais aucune classe, tu aurais pu être ma mère, mais tant que je palpais tous les mois, je ne demandais qu’à jouer le jeu.Le visage de Stella semble se décomposer.Elle paraît soudain lasse et vieillie de dix ans.Vivement, elle détourne la tête [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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