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.Mais lui n’avait aucun souvenir de son père.Moins d’un an après sa naissance, son père avait été tué à la chasse, la gorge traversée par une flèche.Personne n’en avait jamais parlé devant lui, mais Harcourt s’était bien souvent demandé si son père avait pu avoir un ennemi capable de le tuer d’une flèche dans le cou.Il reposait à présent dans l’abbaye, aux côtés de son père et de son grand-père ainsi que de tous les Harcourt qui étaient morts depuis l’édification de l’abbaye sur la terre de la famille.Harcourt avait grandi sous la surveillance affectueuse et étroite de son grand-père maternel qui était venu du sud pour aider sa fille.Il avait amené le Noueux avec lui et l’oncle Raoul était arrivé un peu plus tard.Harcourt n’avait jamais su quel avait pu être le statut de sa famille dans le sud de la Gaule ; elle avait appartenu à quelque grande maison commerciale, semblait-il.Une fois, il s’en souvenait, sa mère lui avait parlé de ce pays qu’elle aimait tant, mais sans faire la moindre allusion à sa famille.Après la mort de son époux, elle ne s’était pas remariée.Harcourt devait apprendre plus tard que cela faisait considérablement jaser dans les châteaux et les demeures, tout au long du fleuve.Sans doute, s’était-il dit souvent, était-ce autant par amour et loyauté envers son défunt mari que pour son fils.Elle craignait probablement qu’un second mariage pût mettre en péril son héritage.Et puis, avec son grand-père, la présence d’un autre homme dans le fief était moins nécessaire.Durant toutes ces années, tandis qu’Harcourt acquérait sa maturité, le vieil homme s’était comporté comme si le domaine était sien.— Ne reste pas trop longtemps dehors, ajouta sa mère.Bien que tu puisses en douter, le sommeil t’est nécessaire.Le pont n’avait pas été levé ; cette précaution n’était pas nécessaire, ces derniers temps.Pourtant, la garde du château demeurait vigilante.Le vieux Raymond était au poste de guet, près de la poterne.— Ne vous éloignez pas trop, dit-il à Harcourt.Il y a un moment, j’ai entendu des loups.Si vous avez besoin d’air, pourquoi ne faites-vous pas plutôt le tour du chemin de ronde ?Harcourt secoua la tête.— En cette période de l’année, les loups n’attaquent pas.Ils ont largement de quoi se nourrir dans la forêt.Ils ne sont dangereux qu’au cœur de l’hiver.Raymond n’émit qu’un vague grognement en guise de commentaire, et Harcourt ne s’en offensa pas : Raymond avait toujours grogné ainsi.Il l’entendit encore en traversant le pont.La nuit était sombre et la lune basse à l’ouest, occultée par un banc de nuages.Mais dans le ciel clair, les étoiles scintillaient.Harcourt escalada le talus et se dirigea vers le chemin de charroi qui traversait les champs.Il se rappelait ce jour où ils étaient sortis pour la première fois du château, après que le Mal eut levé le siège, pour savoir ce qu’il était advenu de leurs voisins.Il ne s’était rien passé de grave jusqu’à ce qu’ils atteignent Fontaine.Là, ils avaient découvert que le Mal avait frappé et qu’il ne subsistait pas la moindre trace de vie.La volaille même avait été massacrée.De toutes parts, des corps mutilés gisaient dans une puanteur atroce.Pas seulement des corps humains, mais aussi ceux d’ogres, de trolls, un couple de dragons et d’autres formes de vie hideuses et peu familières.Fontaine était tombé mais le prix que le Mal avait dû payer était élevé.Reconnaître les corps des humains avait été une besogne ignoble.Finalement, ils les avaient enterrés dans une fosse commune, ces derniers jours passés sous le soleil les ayant rendus inidentifiables.Harcourt se souvint que le Noueux lui avait dit :— Ce n’est pas un travail pour toi.Laisse les autres s’en charger.Mais il avait secoué la tête.— Non, elle doit être là.Il faut que je l’enterre séparément.Guy, qui s’était joint à eux depuis l’abbaye, avait à son tour tenté de le raisonner, mais Harcourt avait refusé de l’entendre.Il n’avait pas retrouvé Eloise.Ce qui ne signifiait pas qu’elle n’était pas parmi les autres.La putréfaction avait déjà fait son œuvre après les prédateurs et les mutilations diverses.Guy, qui n’était pas encore abbé mais simple curé, avait servi la messe des morts tandis que l’on entassait les restes pitoyables des habitants de Fontaine dans la fosse commune.Harcourt se souvenait des hommes qui maniaient les pelles, un foulard sur le visage.En atteignant le champ de blé, il s’arrêta et se retourna vers le château [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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