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.Norwenna n’eut point le temps de hurler, il ne lui restait plus de voix lorsque la lame lui déchira la gorge et plongea dans son cœur.En retirant son arme, Gundleus poussa un grognement.Il avait lancé son pesant bouclier de guerre, en sorte que ses deux mains gantées étaient sur la garde quand il enfonça la lame.Il y avait du sang sur l’épée, du sang sur l’herbe, et du sang sur le manteau bleu de la reine moribonde.Il en jaillit encore lorsque Gundleus retira l’arme d’un coup sec.Privé du support de l’épée, le corps de Norwenna s’affaissa sur le côté, frissonna encore quelques secondes puis se figea.Sebile lâcha le bébé et s’enfuit en hurlant.Mordred cria, mais l’épée de Gundleus coupa court aux pleurs de l’enfant.Il plongea juste une fois de plus sa lame rouge, et le manteau doré se tacha aussitôt d’écarlate.Tant de sang, d’un si petit enfant !Tout cela s’était passé si vite.Gudovan, à côté de moi, n’en croyait pas ses yeux, tandis que Ladwys, grande beauté à la longue chevelure, aux yeux noirs et au visage farouche, rit de la victoire de son amant.Tanaburs avait fermé un œil, levé une main vers le ciel et sautillait sur une jambe : autant de signes qu’il était en communion sacrée avec les Dieux tandis qu’il se répandait en maléfices et que la garde de Gundleus prenait position dans l’enceinte, la lance abaissée, pour transformer ces malédictions en réalité.Ligessac avait rejoint les rangs siluriens et aidé les lanciers à massacrer les siens.Quelques Dumnoniens essayèrent bien de résister, mais ils avaient été déployés pour rendre honneur à Gundleus, non pour le combattre, et les lanciers siluriens vinrent rapidement à bout de la garde de Mordred, et plus vite encore des piteux soldats de Druidan.Pour la première fois de ma vie adulte, je vis des hommes mourir transpercés par une lance, et j’entendis les hurlements terribles que pousse un homme lorsqu’une arme expédie son âme dans l’Au-Delà.L’espace de quelques instants, je restai impuissant, pris de panique.Norwenna et Mordred étaient morts, le Tor n’était que hurlement, et l’ennemi se ruait vers l’antre et la tour de Merlin.Morgane et Hywel apparurent à côté de la tour, mais alors qu’Hywel avançait en clopinant, une épée à la main, Morgane se précipita vers la porte donnant sur la mer.Une nuée de femmes, d’enfants et d’esclaves la suivait ; une foule de gens terrorisés que Gundleus sembla satisfait de laisser échapper.Ralla, Sebile et les rares hommes de la garde dépenaillée de Druidan qui avaient pu éviter les sinistres guerriers siluriens leur coururent après.Pellinore bondissait dans sa cage, caquetant et nu : l’horreur le réjouissait.Je sautai des remparts et courus vers le palais.Je n’étais pas valeureux, j’étais simplement épris de Nimue et je voulais m’assurer qu’elle était en sécurité avant de fuir le Tor à mon tour.Les gardes de Ligessac étaient morts et les hommes de Gundleus commençaient à piller les cabanes lorsque je plongeai par la porte et courus vers les appartements de Merlin, mais avant d’avoir atteint la petite porte noire, je trébuchai sur la hampe d’une lance et tombai lourdement.Puis une petite main m’empoigna par le col et, avec une force stupéfiante, me traîna vers mon ancienne cachette, derrière les corbeilles de linge de table.« Imbécile, tu ne peux rien faire pour elle », me chuchota à l’oreille la voix de Druidan.« Maintenant, tiens-toi tranquille ! »Je me retrouvai donc en lieu sûr quelques secondes avant que Gundleus et Tanaburs n’entrent dans la salle, et tout ce que je pus faire, ce fut de regarder le roi, son druide et trois hommes casqués se diriger vers la porte de Merlin.Je savais ce qui allait se passer et je ne pouvais l’empêcher, car Druidan me fermait la bouche de sa petite main pour m’empêcher de hurler.Je doutais que Druidan se fût précipité dans la salle pour sauver Nimue : probablement était-il venu s’emparer de tout l’or qu’il pouvait avant de détaler avec le reste de ses hommes, mais au moins sa présence m’avait-elle sauvé la vie.Mais elle ne sauva Nimue de rien.Tanaburs écarta d’un coup la cloison-fantôme puis ouvrit la porte, par laquelle s’engouffra Gundleus, suivi de ses lanciers.J’entendis Nimue hurler.Je ne sais si elle employait des tours pour défendre l’antre de Merlin, ou si elle avait déjà abandonné tout espoir.Je sais que l’orgueil et le devoir lui avaient imposé de rester pour protéger les secrets de son maître, et que maintenant elle payait cet orgueil.J’entendis Gundleus rire, puis je n’entendis plus grand-chose, hormis le tumulte des Siluriens fouillant les coffres, les ballots et les paniers de Merlin.Nimue gémissait, Gundleus poussa un cri triomphal, puis elle hurla encore, trahissant une douleur soudaine et terrible.« Ça t’apprendra à cracher sur mon bouclier, fillette », lança Gundleus à Nimue qui sanglotait désespérément.« La voilà qui se fait foutre », me dit Druidan à l’oreille avec un malin plaisir.D’autres lanciers de Gundleus traversèrent la salle en courant vers l’antre de Merlin.Avec sa lance, Druidan avait percé un trou dans le mur d’argile et il m’ordonna maintenant de me faufiler à sa suite.Mais tant que Nimue vivrait, il n’était pas question que je file.« Ils vont bientôt fouiner dans ces corbeilles », me prévint le nabot.Mais je ne voulus rien entendre.« Pauvre idiot ! » lâcha-t-il avant de ramper à travers le trou et de détaler vers un espace ombragé, entre la cabane voisine et un poulailler.Je fus sauvé par Ligessac [ Pobierz całość w formacie PDF ]

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